[MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

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zuzul
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par zuzul »

Hello ! 
Tout d'abord un grand merci à lolo_84 pour ses retours !

---
Après une pause de 2 mois de maîtrise à cause d'une promotion non voulue, je peux enfin reprendre mes parties !
On vient de terminer hier soir le scénario 3 : Lily.

Conne je l'expliquais en décembre, j'ai fait pas mal de modifs dans la proposition initiale et j'ai ajouté 4 intrigues personnelles par dessus pour ne pas laisser de répit aux joueurs.
Au final ça fut une super session, un final tout en détresse et déprime avec le fantôme de Lily qui guide un PJ jusqu'à son cadavre, le toisant d'un regard très dur, les autres qui découvrent les restes et leur pote a genoux pleurant sans comprendre pourquoi.
Evidemment, il pleuvait averse. 

J'ai un perso dont le petit frère va faire exploser la cellule familiale déjà bien mal en point avec du trafic de drogue, un qui va se taper son trip "Shutter Island/Fight Club", un qui tente de gérer une femme catho ultra et sa maîtresse reporter au tempérament de feu, et le dernier qui tente de ne pas replonger dans les matchs de boxes truqués ou la Mafia Black. 
Le tout avec un Maxwell qui les soutien à 100%, quand il n'explose pas.

Je ne sais pas si on fera toute la campagne ou s'il y aura un TPK avant, vu que leur mental est soumis à rude épreuve. Mais en tout cas, on s'éclate, vraiment un super terreau pour jouer en nuances de gris.

Je n'ai hélas plus de news de l'éditeur sur la possibilité de vous partager l'application que j'ai faite pour la campagne, navré. 
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zuzul
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par zuzul »

Hello,

un petit retour de joueur (qui m'a fait super plaisir) sur la dernière session Lily :
Spoiler:
Mais nom de Dieu cette ville est définitivement l'anus purulent d'un démon comme disait le pasteur... Je croyais même que les choses s'arrangeait: on commençait à aider des gens, bien sûr à notre niveau, mais quand même on voyait un peu de lumière dans toute cette crasse. Même le petit frère est tombé de son piédestal et on a pu parler 5min avec le paternel sans se mettre dessus. Mais noooon, pas pour nous, pas à Hellywood... On se doutait qu'il était arrivé qquchose à cette fille mais y avait bon espoir de la retrouver. Et évidemment que non, non seulement la voilà morte mais en plus on commence tous à voir des fantômes... Et ces rêves... Ça me rappelle cette opération foireuse pendant l: invasion en France. On était resté derrière avec JO pour couvrir le reste des gars qui devaient prendre une usine d'armement. Sur le papier plutôt facile, 2 gardes (fallait pas que l'usine se remarque) et du personnel... Sauf qu'on est tombé sur le taré de la bande qui voyant les gars arriver à tout fait sauter. On a mis 3j à identifier tout nos gars. Je n'ai rien contre la mort, y a des fois où on la côtoie et il n'y a rien à faire. C'est comme ça, il faut l'accepter. En revanche, les morts gratuites, inutiles, ça ça m'est vraiment insupportable. Cette fille, c'est ce qu'elle représente pour moi: la main absurde du destin qui frappe sans prévenir juste parce que tu as tourné au mauvais coin de rue. Maintenant je vois son visage et celui des gars pendant du bataillon qui me demandent d'y mettre fin dans mes rêves. Je sais pas encore comment, mais si l'occasion se présente je m'assurerai qu'il soit mort. Hors de question qu'il soit sauvé par un feu cette fois-ci

Jeudi prochain, c'est soirée chez Maxwell !
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zuzul
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par zuzul »

Soirée chez Maxwell faite, en une unique session de 4 heures : j'ai joué la carte de la descente aux enfers d'une pseudo orgie décadente, avec des seringues usées dans des verres à champagne, un type qui se battait contre un ours empaillé dans une chambre, un groupe de personnes en tenues classes et portant des masques à gaz, observant tout cela ; bref, vous voyez le topo. J'ai repris des visuels du film High Rise comme source d'inspiration pour la fin de soirée.
Jouant avec une approche du fantastique plus feutrée, les joueurs ont pu avoir une discussion passionnante avec Betty, qui leur sortait des éléments de leur passé, qui disait s'appeler Maggie (la gamine découpée lors du scénario d'intro), qui les accusait de l'avoir abandonnée.

J'ai pu ajouter des éléments d'intrigue personnelle sans difficultés : la femme d'un perso qui est à la tête de la manif des bonnes moeurs, la maîtresse d'un perso qui est journaliste à Whispers qui s'est tapée l'incrust. 

Prochaine session, scénario 5, qui est très dense. Je suis encore en train de me demander si je fais l'approche in media res proposée, je doute qu'elle soit bien perçue par ma table. 
 
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par lolo_84 »

Ha oui, tu t'es bien éloigné (sur la forme j'entends) des idées proposées par le scénario de base - j'aime beaucoup (surtout l'ours empaillé !)

Pour le S5, j'ai fait jouer le in media res et ça a plu à mes joueurs (même si l'un d'entre eux n'a que moyennement apprécié disons...) car cela mettait tout de suite de l'action ET ça changé un peu du démarrage parfois un peu longuet avant qu'ils ne se rejoignent chez Charlie puis le téléphone sonne et...

En tout cas, tu t'attaque à ce qui est sans doute le plus gros (et l'un des meilleurs) de la campagne, j'ai hâte de lire ton retour !

PS : chapeau pour avoir joué la soirée chez Maxwell en seulement 4H ! tu as dû les mettre dans le bain supra vite !
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par zuzul »

lolo_84 a écrit : lun. mai 20, 2024 4:34 pm Pour le S5, j'ai fait jouer le in media res et ça a plu à mes joueurs (même si l'un d'entre eux n'a que moyennement apprécié disons...) car cela mettait tout de suite de l'action ET ça changé un peu du démarrage parfois un peu longuet avant qu'ils ne se rejoignent chez Charlie puis le téléphone sonne et...
Merci ; pour le coup je connais mes joueurs et je sais que c'est le genre d'outil qu'ils peuvent adorer comme rejeter en bloc ; j'en suis personnellement friand, mais pas avec toutes mes tables :)
 
lolo_84 a écrit : lun. mai 20, 2024 4:34 pm PS : chapeau pour avoir joué la soirée chez Maxwell en seulement 4H ! tu as dû les mettre dans le bain supra vite !
Je t'avoue que ça a été un poil épuisant de mon côté de l'écran ! Heureusement, j'ai géré pas mal de choses en off via un serveur discord privé, notamment une discussion sur le cadeau qu'ils allaient faire à Maxwell. 
 
lolo_84 a écrit : lun. mai 20, 2024 4:34 pm En tout cas, tu t'attaque à ce qui est sans doute le plus gros (et l'un des meilleurs) de la campagne, j'ai hâte de lire ton retour !
Clairement, c'est un gros morceau, complexe et bourré de subtilité. Je vais laisser les joueurs prendre le temps et les accompagner pour éviter dispersion et frustrations.  


 
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par [ALT+R] Fred »

Merci pour les comptes-rendus de parties : j'ai dû retard pour déposer les miens ici, d'ailleurs 🤔

Nous allons reprendre la campagne en janvier (on tourne par cycles et Hellywood n'a pas retenu l'attention lors des 2 derniers)

Je vais intégrer un nouveau PJ qui n'a donc pas joué en 1931 mais je pense avoir tout de même trouvé comment : Lily, l'éternelle absente. Il va passer derrière les PJ qui ont déjà mené l'enquête, ça sera donc plus difficile avec des PNJ qui ne voudront pas forcément reparler de toute cette histoire, jusqu'à l'identification à la morgue. J'espère de la sorte le marquer assez pour qu'il s'intègre aux trois survivants du Hachoir.

Autre option : le père de Lily. Il casse sa pipe et devient un Possédé mais encore marqué par le désespoir d'avoir perdu sa fille. Je ne sais pas si le joueur va retenir cette option ou la précédente - à moins qu'il ne me propose un super concept, c'est un joueur très bon pour créer des PJ mémorables (et les interpréter ensuite). On verra bien !

La soirée chez Maxwell a pris trois sessions, j'ai forcé un peu pour la fille droguée et le mec dans la baignoire mais les PJ ont été héroïques et l'un d'eux a emballé Nina... Dans l'ensemble je joue assez près de ce qui est écrit. Bref : la suite bientôt. Stay tuned !
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Det. Lt. Edmund Exley, L.A. Confidential
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par zuzul »

Résurrection de post !
Je continue la campagne (après une pause de 5 mois pour raisons pro).
Nous sommes à l'épisode Gabriel, qui va être un sacré Road movie.
Côté personnage joueurs, c'est devenu un beau bordel ; j'ai 247 PNJs dans la base de données maintenant, chaque joueur a son intrigue personnelle en parallèle des enquêtes de la campagne ; c'est épuisant mais cela rend terriblement noir. C'est de loin la campagne la plus complexe que j'ai joué avec ce que j'ai rajouté pour eux, mais le résultat est pour le moment à la hauteur de mes attentes.
Le plus simple pour vous donner un aperçu c'est de vous partager les CR des derniers épisodes du point de vue d'un des PJ, Ian MacAllister. Et si cela intéresse quelqu'un je vous donnerai plus de détails sur chacun des personnages joués.

Les visuels des PJs de ma table

Edit : les bandes sons principales que j'utilise
Spoiler:
Introduction pour la première moitié de la campagne : Raymond Scott - Naked City : https://www.youtube.com/watch?v=YpszTMM ... rt_radio=1
Introduction pour la seconde moitié de la campagne : Requiem for a dream - Summer ouverture : https://www.youtube.com/watch?v=RdcngtH ... rt_radio=1
Épisode lily, morceau joué par le crooner amoureux : Aaron - Lily : https://www.youtube.com/watch?v=wJRh0Pl ... rt_radio=1
Musique pour un enterrement : Alisson Kraus - Down to the river to pray : https://www.youtube.com/watch?v=zSif77I ... rt_radio=1
Musique de fond :
Bohren & Der club of Gore : https://www.youtube.com/watch?v=K7nYG_Y ... 2bANdk-w-Z
Tous leurs albums sont excellents comme bande son de fond.

juillet 1949 – "Silhouettes dans le rétroviseur"
Spoiler:

Je ne dors plus.
Je bois, je m’agite, je cogne sur des sacs qui ne rendent pas les coups. Et malgré tout ça, je reste lucide. Trop lucide, peut-être. Ces notes, je les écris pour pas perdre le fil. Parce que quand la famille se disloque et que la ville s’écroule sur elle-même, y a plus que l’encre pour te dire que t’es encore debout.

4 juillet – Disparition
Marie. Ma petite sœur. Pas rentrée depuis deux jours.
Elle n’a jamais été la plus forte, ni la plus libre. Mais elle a toujours été droite. Et là, c’est le vide. Alors je réunis tout le monde. On cherche. Parce que c’est ce qu’on fait quand on tient encore un peu aux nôtres.

Sur le chemin, ça dérape vite :
Two J et Vincenzo tombent sur le parrain Marsalla, moi sur O’Callaghan, celui qui tient la mafia irlandaise. Il veut stocker ses armes dans l’épicerie. Ce qu’il me reste de mon père, de ma mère. J’hésite pas à lui faire comprendre que le deal sera pas aussi simple.

Dans l’arrière-boutique, un flic infiltré traîne. Il veut changer de camp. Il me fatigue, mais je lui donne une chance. Il m’avoue avoir vu Marie partir avec Tom. Mon propre frère. Le même que je traîne en cure depuis des mois.

Fouille, poudre, et vieilles histoires
La chambre de Marie nous donne quelques pistes : lettres d’hommes, un rendez-vous. On remonte.
Tom. On fouille sa chambre. Un demi-kilo de poudre vaudou. La saloperie jusqu’au plafond. Je serre les dents. Encore une fois.

Hans, pendant ce temps, reçoit des nouvelles d’un vieil ami de son père. Un revenant, là aussi. Rien ne reste mort bien longtemps dans cette foutue ville.

Chute lente
On poursuit la piste de Marie jusqu’à La Pomme d’Ève. Elle y a été vue, shootée, avec un type : Abraham. Un nom que Two J connaît — la salle de boxe. Une piste.

Puis Moe nous appelle. Maxwell est en vrac, depuis que Misty l’a quitté. Moe est sincère. Et on ne ment pas : on promet d’aider. On le pense vraiment. On a toujours une place pour les causes perdues.
La nuit, chacun se perd
Two J dîne avec Milly et Tom Moore. Il accepte de les suivre en politique, pour Milly. Il est suivi. Buenaventura. Silencieux comme une dette.

Chez Vincenzo, c’est encore pire. Une quarantaine de personnes en pleine messe tordue. Armes, munitions, vêtements blancs. La folie de sa femme gagne du terrain. On chope les munitions et on file.

L’hôtel, la vidéo, l’incendie
Retour à la Pomme d’Ève. Deux jeunes Noirs craquent sous la pression. Ils nous conduisent à un hôtel miteux.
Un vieux réceptionniste poisseux. Des chambres avec miroirs sans tain, des caméras. Marie y a été.
La vidéo ? Seuls Hans et Vincenzo la regardent. Je ne l’ai pas vue. Mais j’ai vu leurs visages. Et c’était assez.
Ils mettent le feu à l’hôtel. Moi, je les laisse faire.

Misty, Palmer, et une mise en orbite
On passe voir Misty. Son hôtel. Une Lincoln garée devant : celle du maire Palmer.
On s’approche, ça pue l’opération de charme. Pamela est là, avec un collègue. Ils tendent le piège.

À l’étage, Vincenzo et Hans frappent. Palmer ouvre, le sourire au coin des lèvres. Quand il sort, il rameute deux flics. Et là, je perds patience. Je lui balance un coup de pied dans les bijoux de famille. Mérité.

Misty ? Elle nous congédie. Elle croit au conte de fées : Palmer va quitter sa femme pour elle. Maxwell ? Oublié. Elle le dit avec un calme qui me donne froid.

5 juillet – Les pièces tombent
Hans trouve une menace sous sa porte. Puis le père de Miss Evans est retrouvé mort. Hans est suspecté. Et Miss Evans ? Elle le glace.

On se retrouve au bureau. Hans est à bout. Il dit les mots qu’on pensait tous. On se divise pour avancer.

Moi, je pars avec Two J. On suit un rêve qu’il a eu, un de ceux qui vous collent au crâne.
On tombe sur Léo Bruiseur, dans une chambre d’hôtel. Suicidé, la bouche ouverte comme une injonction. Sa fille hurle. Je l’emmène. Two J, lui, reste. Le rêve était vrai.

---

Je ne sais plus si je dors ou si je me réveille au milieu d’un cauchemar qui dure.
Chaque jour ressemble à la veille, en pire. Et même quand on pense avoir touché le fond, y a toujours un foutu étage en dessous.

Des rêves et des fantômes
Léo Bruiser s’est collé une balle. Sa fille était là, trop jeune pour ce genre de scènes.
J’ai veillé sur elle jusqu’à l’arrivée de Malcom et Hobbs — deux vrais flics, des survivants d’un temps révolu. Ils ont calmé les mômes arrogants qui l’accompagnaient. J’ai raccompagné la gamine. Elle m’a dit qu’une femme lui était apparue en rêve. Qu’elle lui avait dit d’aller chez son père. Une femme qui ressemblait à Lily. Le fantôme de la ferme. Le même qui m’avait conduit au cadavre de Milly Collins. Ces morts-là ne nous quittent jamais.

À la maison de Léo, notre ancien capitaine, devenu chef de la police, nous attend. Bras en écharpe, mais encore debout. Il nous dit que Léo avait peur. Qu’il pensait que "ça avait recommencé". Qu’un tueur reprenait son œuvre. Il avait raison.

Mise à mort(s)
2J a retrouvé les deux types responsables du viol de Marie. Ils nous supplient de les tuer. La mort leur vaudrait peut-être le pardon.
Moi, j’ai envie de les castrer. Qu’ils vivent avec ça. Qu’ils chient du sang et se souviennent de Marie à chaque douleur.
2J s’y oppose. Il dit que soit on les laisse, soit on les bute.
On s’engueule. Mais je suis fatigué. Las de crier, las de convaincre. Je les laisse partir. Ils ne méritent même plus ma haine. Juste l’oubli.

La chute finale
On rentre. Hobbs et Malcolm nous attendent à l’agence.
Marie a été retrouvée. Pas vivante.
Je n’ai pas besoin de l’entendre. Je reconnais les regards, les postures, le silence pesant.
Milly m’effondre dans ses bras. Mon père fixe le vide. Ma mère n’est même plus là, ailleurs dans sa tête.
Le corps ? Découpé. Reconstitué. Une question gravée dans sa chair : “Est-ce que tu m’aimes ?”
Je n’ai pas pleuré. J’ai juste senti quelque chose se briser. Quelque chose d’irréparable.

Hans a parlé à Tom. Un seul mot. Un seul poing. C’est plus que ce que je lui aurais donné.
Je suis monté dans la chambre. Il flottait entre deux mondes, la cervelle fondue par sa propre came.
Je ne lui ai rien crié. Je lui ai juste dit qu’il devait disparaître. Il n’était plus mon frère. Il n’était plus rien.

Les jours d’après
On s’est endormis dans le bureau de l’épicerie. Aucun de nous n’a dit un mot.
Le lendemain matin, Tom s’est suicidé.
Un autre cadavre. Un autre cercueil. Un autre poids.

À peine le temps de le pleurer qu’on apprend que Misty, retrouvée en morceaux dans un parc, est la nouvelle victime.
Quelqu’un a payé une diversion pour poser le corps. On nous parle d’un jeune en Bentley métallisée. Moins un indice qu’un crachat sur notre impuissance.

Le chef de la police se fait tirer dessus. Par la colocataire de Léo. Et pire encore : sa propre fille.
On retrouve son journal. Encore Lily. Encore elle. Elle a dicté une liste de cibles. Nous sommes sur cette liste.
Comme tous ceux qui ont voulu protéger Léo, ou simplement survivre à cette ville.

Sang, cris, et rafales
Vandecamp, le rédac' chef du Hush Hush, veut nous payer pour nous faire parler sur Palmer. On le balance. Pas question de jouer les témoins pour ce vautour.

Et puis tout s’emballe : tensions raciales dans les quartiers, un cadavre égorgé dans une bagnole rose.
On file au Hush Hush. Émeute. Fuite. Hurlements.

Dans le bureau : Vandecamp en panique.
La fille de Léo le tient en joug. La prostituée est à ses côtés. Mais elle… elle n’est plus humaine.
Peau tendue. Ventre gonflé. Voix dans nos têtes. Quelque chose hurle à l’intérieur d’elle.

Vincenzo tacle la fille. Nous, on vide nos chargeurs sur la prostituée.
Elle encaisse. Puis elle crie : “Pourquoi ?” avant de crever.
Toujours ce mot. Pourquoi. Comme un refrain qu’on ne comprend plus.

Enterrements
Double enterrement chez les MacAllister.
Tom. Marie. Deux pierres. Deux trous. Des pleurs en sourdine.

J’ai passé un pacte avec la mafia irlandaise. Ma famille sera protégée. Je suis à eux maintenant.
Flic ou criminel ? Honnêtement, je ne vois plus la différence.

Tout le monde est là. Mafias, anciens collègues, quelques politiques. Même Moore. Même Milly.
À côté, Léo, dans une fosse commune. Un suicidé n’a pas droit aux prières. Juste à l’oubli.

Hans et Vincenzo s’éclipsent pour y assister. Ils voient la femme. Encore elle.
Elle leur murmure : “Pourquoi l’avez-vous laissé mourir ?”
Personne n’a de réponse. On ne sauve plus personne ici.

Dernier cavalier
On retrouve Maxwell. Une loque.
Alcool. Héroïne. Délire. Il nous prend pour les cavaliers de l’apocalypse. Peut-être qu’il a raison.

Il exige qu’on retrouve le tueur de Misty. Il ne demande pas. Il ordonne.
Je n’ai même pas la force de lui dire non. On accepte.

Une prostituée grimée en Misty nous croise à la sortie. C’est ça, maintenant. De l’imitation, pour survivre.

Moe nous parle de la famille Sanders. Des gens riches. Trop riches pour être propres.
Ils aiment les Bentley grises.

Peut-être une piste.
Ou peut-être juste un autre mirage dans le désert.

Conclusion ?
Je n’en ai pas.
Je ne crois plus au sens. Ni à la justice. Seulement aux balles bien placées, et aux rares visages que je peux encore regarder sans haine.

J’ai perdu un frère.
J’ai perdu une sœur.
Et j’ai l’impression qu’on a tous perdu la guerre sans s’en rendre compte.

Maintenant, je veux juste trouver le tueur.
Et le détruire.
Lentement.

Août 1949 – “Cendres, sang et silence”
Spoiler:

Je crois qu’à force de descendre, on finit par s’habituer à la pénombre. Il y a eu un temps où j’écrivais pour comprendre. Maintenant j’écris pour ne pas oublier ce qu’on a dû faire. Pour ne pas mentir au souvenir.

Enterrements croisés
C’était une belle journée pour enterrer deux MacAllister.
Marie. Tom. Deux erreurs d’époque. Deux victimes. D’eux-mêmes, d’un monde pourri, de types bien vivants.
La mafia irlandaise a fait le nécessaire pour qu’on oublie la corde de Tom. Ce n’est pas l’histoire qu’on racontera. Tant mieux. Ma mère est déjà ailleurs. Mon père aussi, à sa manière. Milly tenait à peine debout. Je l’ai portée plus que soutenue.

Et puis il y avait l’autre enterrement, celui de Léo. Fosse commune.
Il avait tout donné à la ville. Et elle lui a rendu un cercueil sans nom.

J’ai vu Murphy, ce chien de garde de Gordon. Je ne l’ai même pas regardé. Je n’en ai plus besoin.
J’ai vu Angie aussi. Avec son mari. Une sensation étrange… comme du verre tiède dans la bouche. Tu veux le recracher, mais c’est déjà passé.

Pourquoi

Hans et Vince sont allés à la fosse. Moi, j’ai pas pu. Trop à faire. Trop à encaisser.
Mais la chose est revenue. Une apparition. Une femme. Hurlements. “Pourquoi ?” Encore. Toujours.

La fille de Léo nous remet un mot de passe. Dernier cadeau de son père. Elle sait. Elle aussi voit les morts.

Préparation à la guerre
La rumeur s’est répandue : les deux violeurs de Marie ont été identifiés. Ça va chauffer dans les quartiers noirs.
Je fais passer l’info à 2J et à la police. Peut-être qu’on pourra éviter un bain de sang.

Et au détour d’une conversation, j’apprends que la femme de Vincenzo a eu un faible pour moi.
J’ai rien dit. Je ne suis pas un monstre. Et puis Vince a déjà assez de cicatrices sans qu’on lui en colle une au cœur.

Hoboland & la faiseuse d’ange
Grâce à 2J, on retrouve le clochard de Léo à Hoboland. Il nous donne l’adresse et confirme le mot de passe.
Direction Chinatown. Une autre ville dans la ville. Une autre couche de merde.

On enquête aussi sur l’avortement forcé de Misty.
On retrouve la faiseuse d’ange. Une vieille sage-femme mariée à un type discret. Leur boutique appartient à Constance, le parrain noir. Problème.

Misty a été amenée par Darby et un géant français nommé Guy.
Elle a fui dans un “Taxi des Anges”. Comme Marie. Encore elles.

Le carnage
On sort de la boutique. 2J attire une foule. Tensions.
Je vois une voiture. Trois Noirs. Une Thompson à l’arrière.
Fusillade.

Vince abat deux des agresseurs.
Le dernier parle : des gars de Constance.

Le trottoir est un charnier. Civils morts. Enfants. Femmes.
Et puis… Angie.
Vivante. Mais son mari a pris une balle dans la tête.
Je la tiens dans mes bras. Et j’attends avec elle que les secours arrivent.
Mais personne n’arrive vite ici. Pas dans ce quartier-là.

Les dossiers de Léo
Le lendemain, on va à Chinatown. L’adresse. Le mot de passe.
Le type qui nous reçoit, c’est le chef de la mafia chinoise.
J’ajoute un nom à la liste. On connaît maintenant tous les parrains. Presque une famille.

On obtient les dossiers secrets de Léo.
Il pensait que le Hachoir n’était jamais mort.
Il voyait des liens entre les disparitions. Entre les phrases. Les apparitions.
Et ces mots… “Pourquoi”.
Ils reviennent toujours. Même écrits. Même morts.

Guy et Darby
On retrouve Guy. Facile : 2m15 de connerie, même sobre.
On l’embarque. Il finit par confesser sous calmants et coups bien dosés. Il a bossé avec Darby. On tient notre lien. On tient notre monstre.

Darby nous a piégés, moi et Vince, dans un traquenard avec les flics.
Notre avocat nous sort. Il faut frapper vite, pendant qu’on a encore l’initiative.

Le matin du combat : Misty
Avant le combat, on assiste à l’enterrement de Misty, organisé par Maxwell.
Une cérémonie étrange. Une fausse ode à la vie, sortie d’un esprit trop brisé pour faire la différence entre douleur et spectacle.

Je me demande ce qu’on enterre.
La femme ? L’amour ? Ou ce qui restait de Maxwell ?
Probablement les trois.

Le match
2J veut du sang. Vince propose mieux : une humiliation publique.
Un match de boxe contre le poulain de Constance, "99".

On truque tout :
Drogue dans la gourde, gants trafiqués.
Ian prépare une fausse tentative d’assassinat depuis un immeuble.
Le combat est expédié : un seul coup. 99 s’écroule.

Je tire… mais je rate de quelques centimètres. La balle balafre la joue de 2J au lieu de l’effleurer. Trop juste. Mais ça passe.

Pamela est là, encore secouée par la mort de son collègue. Pas le moment pour elle d’avoir des réponses. Et 2J non plus n’en a pas.

Darby meurt
Darby est trop connecté pour une mise en scène.
Alors on fait simple.
Guy attire Darby.
Et je tire.
Dans le poumon, cette fois.
Aucun remord.
Juste un peu moins de poids sur la balance.

Conclusion
Je ne suis plus un flic.
Je ne suis plus un frère.
Je suis juste un homme qui enterre ses morts et élimine les vivants responsables.

Cette ville m’a tout pris. Alors je prends aussi.
Et tant que cette chose — ce Hachoir, ou ce qu’il est devenu — continue à parler à nos morts, je lui répondrai par des balles.

Je ne sais pas jusqu’où ça ira.
Mais j’irai avec. Jusqu’au bout
.
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zuzul
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

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Suite et fin du scénario sur Gabriel.
Spoiler:
The Godless Miles

Je ne sais plus vraiment quand tout a commencé à se mélanger. Peut-être quand j’ai vu la lune ce soir-là, après que Murphy ait explosé dans le rétroviseur. Le désert avait tout avalé : les cris, le feu, la morale. Il ne restait que le silence et cette route blanche comme un drap trop propre pour nos chaussures sales.
On a roulé longtemps. Je crois qu’on dormait les yeux ouverts. Hans conduisait sans un mot, 2J fixait le vide, et Vince... Vince regardait quelque chose que nous ne voyions pas. Le monde autour de nous commençait à se plier, comme si quelqu’un l’avait dessiné à la va-vite.
On s’est arrêtés à une station-diner sortie d’un rêve mal fichu. Un vieux blanc pompait l’essence, sa femme noire servait les assiettes avec un sourire trop doux pour être honnête. Ils connaissaient nos noms. J’ai compris à ce moment-là qu’on ne contrôlait plus rien.
Un vagabond nous a demandé de le prendre avec nous. Il disait chasser un esprit. 2J l’a abattu d’une balle propre après qu'il ait mentionné nos noms. Personne n’a bronché. On l’a enterré. Une tombe de plus dans le désert.
Puis un Indien. Vieux, calme, fatigué comme nous. Il parlait d’un Wendigo, d’une chose qui traque le mal et qui ne meurt jamais. Il nous a donné une poudre protectrice et promis de nous aider à travers ses rêves. Je crois que j’ai cessé de douter de la folie à ce moment-là. Peut-être que c’était la seule chose logique qui restait.

On a continué. Route vers le sud, chaque borne avalée comme une gorgée d’oubli. On a trouvé un député mort, puis un narco furieux dont le fils avait été humilié par Gabriel Blake. Ce gosse est une plaie ouverte, et le monde saigne derrière lui.
Le Mexique nous a accueillis comme il sait le faire : avec des fleurs et des crânes de sucre. Le Día de los Muertos. Une gamine nous a dit où trouver Gabriel. Une église abandonnée. Et, sur la route, le vagabond du diner. Vivant. Immortel, disait-il. Le Wendigo.
Dans l’église, les choses ont mal tourné. Des silhouettes grouillaient autour du gosse. On a tiré. Puis le voile s’est levé, et on a vu qu’on avait abattu des mendiants. Des gens perdus. Peut-être comme nous. Gabriel délirait, le Wendigo lui a planté une paille de verre dans le corps et en a tiré un œuf noir. Il en a croqué un morceau, puis en a tendu à chacun de nous. J’ai refusé. 2J aussi. Vince a accepté. Je ne sais pas s’il est encore lui depuis.
On a laissé le gamin là, dans ses ruines et sa poussière. Quelques billets pour le condamner un peu plus lentement.
Quand la poudre a cessé de faire effet, j’ai vu nos victimes pour ce qu’elles étaient vraiment. Des hommes. Des femmes. Rien d’autre. J’ai arrêté de compter.
On est rentrés à Hellywood. Encore. Toujours. Vince a été happé par le FBI, un agent qui lui promet la vie sauve de sa femme en échange d’un service. Les Marcella. Il a accepté. Il joue avec le briquet du Wendigo maintenant. À chaque fois qu’il le ferme, quelqu’un qu’il aime souffre. Il le referme souvent. Peut-être pour se rappeler qu’il peut encore ressentir quelque chose.

Je regarde cette ville. Les anges sont partis depuis longtemps, mais les démons, eux, n’ont jamais bougé. Peut-être qu’ils vivent ici, dans les reflets des vitres, dans la fumée des bars. Peut-être qu’ils sont simplement à nos côtés.
J’en sais rien. Mais demain, on retournera dans les ténèbres. Il nous reste un asile à visiter, un disciple à trouver. Et moi, il me reste encore un peu de whisky pour tenir la nuit.
Maintenant je m'écarte de plus en plus de la trame officielle : mes joueurs veulent terminer rapidement Hellywood et changer d'ambiance, donc j'adapte pour clôturer en quelques sessions.

EDIT : mes réflexions & modifications
Spoiler:
Je voulais un sacré Road Trip. J'ai revu Sailor et Lula de Lynch pour le coup, histoire de chopper des idées, bien m'en a prit. Le coup de l'indien, avec son camping car, j'en ai fait un trip mystico-fumé tellement barré parlant d'esprit chacal ou Wendigo que ma table de savait pas vraiment s'il avait refilé un truc efficace ou du peyote : ça m'a permit un final où les PJs pensaient tuer des démons alors qu'ils tiraient sur les clochards.
Je voulais me débarrasser de Murphy : son côté "je suis super balaise" commençait à m'agacer en MJ, il allait forcément prendre une balle. Autant que les joueurs lui collent et sans trop risquer la fin de la campagne. Sa mort fut un beau moment, sale et triste, avec un passage assez introspectif pour les persos a fumer une clope en plein désert, seuls, avec les ruines fumantes de la bagnole des flics à côté. Et eux, jeunes défavorisés devenus privés pour aider leur prochain, maintenant tueurs de flics, sans moralité et avec le poids de la fatalité de leur existence. Ce fut classe pour tout le monde.
J'ai repriqué un truc de Americana (Syndrome de babylone) : le démon auto stoppeur fut buté dans la voiture avant de réapparaître lors du final sous LSD, pour enfoncer dans le ventre de Gabriel Blake un tube en verre et lui faire cracher un oeuf, dont il a mangé un bout et proposer un morceau aux PJs ; un seul accepta. Le même qui a récupérer le briquet du démon, avant qu'il ne disparaisse comme s'il n'était qu'un rêve.
Cela m'a permit de le faire posséder par trigger : le démon lui offre le pouvoir de tuer n'importe qui simplement en le formulant, mais au bout d'un moment il prendra possession de son corps. Si le premier meurtre est offert, il ne lui a pas dit combien de fois il pouvait utiliser ce pouvoir avant de perdre son corps. Le joueur a qui j'ai offert cette capacité est super fan, et il l'utilisera sur Blake au scénario de la clinique.
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

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Plusieurs sessions, plusieurs scénarios. Ci dessous, les CR d'un des joueurs.

Episode Maxwell : requiem for a dime
Spoiler:
Il y a des matins où le soleil lui-même hésite à se lever sur Hellywood.
Celui-là en faisait partie. Un appel du chef Benneville, la voix lourde, presque lasse : Maxwell est mort.
Je savais que ce jour viendrait. Mais pas comme ça.

On est arrivés devant sa propriété — les flics, les journalistes, la foule. Des charognards en costume, prêts à dévorer un cadavre encore tiède.
Et dans son bureau, on l’a trouvé. Maxwell.
Le corps disloqué, brisé comme un pantin dont on aurait tranché les fils. Le visage gonflé, méconnaissable, chaque os éclaté par une force surhumaine.
Il avait eu le temps d’avoir peur, pas celui de se défendre.
Et tout accusait Moe : le sang dans son appartement, ses fringues et sa voiture disparues.
Mais on connaissait Moe. Il pouvait s’emporter, oui. Mais tuer Maxwell ? Jamais. Pas sans raison. Pas comme ça.

Benneville nous a dit qu’il nous faisait confiance, mais il fallait faire vite. Gordon et ses flics avaient déjà donné l’ordre : “tir à vue.”
Alors on a accepté. Pas par loyauté pour Maxwell — mais pour Moe.

Chez l’avocat, la deuxième claque : Moe héritait de tout.
Nous, une maison et de quoi survivre un an.
L’homme de loi a eu l’audace de nous glisser qu’on pourrait tout avoir si on “aidait la police.”
On lui a rendu son sourire. Sans rien dire.

En creusant, on découvre que Maxwell avait reçu la visite d’un sale gosse de la haute, celui qui vendait de la drogue à sa fête quelques mois plus tôt.
Le gamin voulait lui vendre un film. Maxwell l’a acheté.
Et ce film, on l’a retrouvé.
Une pellicule tremblante, rituelle, malsaine. Des masques, du sang, des corps.
Tous les rejetons des Neuf y étaient. Des visages riches, beaux, pourris.
Et derrière la caméra… cette voix.
Râpeuse, familière, glaciale.
Le Hachoir. Le vrai. Celui de 1931.
Celui qu’on croyait mort.
Puis Moe a appelé.
Il disait ne plus se contrôler, qu’une femme l’avait “ensorcelé”.
On l’a retrouvé grâce à un carnet — et la fille, un peu plus tard. Pas une prostituée : une détective, payée pour “le tester.”
Elle parlait d’un patron qui bossait pour “un démon.”
On a suivi la piste jusqu’à son appartement.

Le gars était déjà mort. Torturé, méthodiquement. Et ses tueurs nous attendaient.
Des types grands, musclés, le regard vide.
On a ouvert le feu. Un vrai carnage. Les balles les ont fauchés net, sauf un.
Lui, il a encaissé. Deux dans le cœur, une dans la tête, et il a ri.
Puis il s’est jeté par la fenêtre, a disparu dans la nuit.

C’est cette trace qu’on a suivie jusqu’à la Forbidden City, l’ombre de Chinatown.
Un immeuble en ruine, gangrené par la peur et les trafics. On s’y attendait : l’endroit suintait la mort.
Cette fois, pas de détour. On entre lourdement, silencieusement, comme des fantômes en colère.

Chaque garde tombe avant même d’avoir pu crier.
Une opération parfaite.
La salle principale, enfin : des silhouettes, des visages connus — et lui, l’homme qu’on croyait mort deux fois déjà.
Le colosse. Même gabarit, même sourire.
Deux balles dans le cœur, une dans la tête, comme avant.

Mais cette fois, il se met à rire.
Un son grave, monstrueux, pas humain.
La pièce tangue, la lumière se tord.
Et soudain, la chaleur, la douleur, le vide.

Episode Clinique : live and let die
Spoiler:
Je ne sais pas trop où commence ce chapitre, ni même si je l’ai vraiment vécu. Peut-être qu’on est morts là-bas, dans la Forbidden City, et que tout ça n’est qu’un mauvais rêve en boucle. Peut-être qu’on a seulement glissé de l’autre côté, ce côté où les malades dirigent l’asile et où les monstres portent des blouses blanches.

Tout ce dont je suis sûr, c’est que je me suis réveillé dans une pièce blanche. Trop blanche. Le genre de blanc qui efface les contours des choses et vous fait douter d’exister. Un hôpital ? Un purgatoire ? Une plaisanterie de très mauvais goût ?
Puis l’odeur de désinfectant m’a ramené à la réalité : non, on n’avait pas eu cette chance-là.

On nous a réunis dans la salle commune, avec les gueules cassées qui errent entre deux pilules. Les gardes avaient des têtes qui disaient que ça n’était pas la première fois qu’on leur posait problème. Leurs hématomes aussi. Nous, on avait la gueule des types qui ont tenté d’escalader la lune et se sont écrasés à mi-chemin. Trois semaines d’absence. Trois semaines effacées. On avait regressé à coups de calmants et d’électrochocs.
Pas suffisant. Pas pour nous.

Dehors, dans le parc immaculé, 2J a craqué le premier. Il a frappé un garde, et ça a mis le feu aux poudres. On a essayé de tirer parti du chaos. Ça aurait presque marché si nos cerveaux n’étaient pas encore englués dans les médocs.
On a aussi rencontré une certaine Amy, sœur Butterbilt… douce comme un chaton un instant, terrifiée et ailleurs l’instant d’après. Une fille perdue dans sa propre tête. Je me suis demandé où étaient les nôtres, de têtes. Probablement dispersées dans les mêmes couloirs.
L’après-midi, séances individuelles. Les masques tombent. Le bon docteur n’attend plus :
il veut le film.
Celui des rituels, celui des héritiers des Neuf, celui où la voix du vrai Hachoir perce la pellicule comme un crochet.
Il nous confirme que les Neuf nous ont livrés à lui, en personne, comme on jette un sac poubelle. Qu’ils financent tout.
Et nous, en retour, on ne lui donne rien. Pas un mot.

Quand on ressort, Vince a ce regard… différent. Depuis qu’il a goûté l’horreur noire sortie du Wendigo, il y a des moments où il n’est plus tout à fait lui. L’infirmière en chef lui vend de la poudre — pas de magie, juste de quoi perdre pied plus vite. Lui, ça a l’air de le rassurer.

Puis tout bascule quand on met en place notre plan. Dans les vestiaires, entourés de six gardes, je leur dis qu’on sait peut-être où est le film, qu’il faut vérifier nos affaires. Ils mordent à l’hameçon.
La pièce est isolée. Idéale.
Je jette mon manteau pour aveugler deux gorilles et le groupe s’anime comme un seul corps. On les étouffe sous la violence.
2J… lui… se lâche vraiment. Depuis longtemps.
Quand les six ne respirent plus, on récupère nos affaires et on verrouille le portail de l’asile derrière nous.
C’était comme libérer une pression qui couvait depuis trop d’années.
Le bâtiment du docteur. La villa des riches.
On tombe sur deux infirmières qui ouvrent, puis on descend au sous-sol. Le professeur Foldingue nous accueille en nous reprochant de “régresser”. Je lui mets une balle dans la rotule pour lui faire comprendre ce que j’en pense.

Pendant que Hans arrache des informations au professeur, Vince et moi allons voir Blake.
Le vrai.
Le Hachoir de l’époque.
Un vieillard brûlé, enfermé depuis vingt ans par les Neuf, utilisé comme siphon à fortune et comme mythe vivant.

Il essaie de marchander sa vie. Nous propose les noms, les détails, le fonctionnement du cercle secret des héritiers.
Mais il reste un monstre, responsable de tant de sang que la mer Rouge, à côté, ressemble à un verre de grenadine.

Et là… Vince change.
Il sort le briquet du Wendigo, le glisse dans les mains du Hachoir et lui murmure de s’allumer.
Blake lutte, mais finit par obéir.
Et brûle.
Je regarde sans broncher.
On s’habitue, à force.
C’est ça qui fait peur.
Pendant ce temps, Hans découvre enfin la vérité qu’il cherchait depuis des années : le nom de son frère Raymund, inscrit dans les dossiers du médecin.
Raymund, qui a tué leurs parents.
Raymund, dont Hans avait découvert la culpabilité autrefois… avant de s’interner pour ne pas être tenté de le tuer de ses propres mains.
Je crois que ce jour-là, quelque chose en lui s’est fissuré pour de bon.
Mais on a continué d’avancer. Comme toujours.

On remonte. Le professeur, les infirmières… finissent tous de la même façon.
On libère les patients, avec ce pincement au fond du ventre qui dit qu’on vient d’ouvrir la porte de l’enfer sur terre.
Tant pis.
L’asile brûle derrière nous, le ciel teinté de rouge comme une gueule démoniaque.
On rentre en ville avec un sentiment étrange : libérés, mais plus lourds qu’avant.

Miss Parker nous accueille, soulagée. Tellement soulagée qu’on se dit qu’elle tremblait peut-être pour d’autres raisons que notre santé. Maxwell est enterré. Moe capturé.
On n’a pas pu le sauver.
C’est une tache qui restera sur le cœur du groupe, même si on fait semblant que non.

On a le film. On a les noms. On a tout ce qu’il faut pour finir ce qu’on n’a jamais voulu commencer.
La guerre est presque terminée.
Il reste juste à décider comment on fait tomber une ville entière.

Alors… vivre et laisser mourrir.
À ce stade, c’est ce qu’on fait de mieux.

Mes modifications et réflexions :
Spoiler:
Le scénario de la mort de Maxwell est un point culminant pour ma table : c'est le PNJ qui les suit depuis le début, il fallait que ce soit poignant. J'ai opté pour une intro "in media res" avec la BO de requiem for a dream en fond, et les joueurs qui arrivent au palace pour constater la mort. J'ai volontairement viré le passage de la statue (j'avais peur qu'un film en 1949 caché dans la statue provoque des discussions HRP sans fin) et il me semblait logique que Maxwell confie à Moe, son garde du corps, le transport du film au journal à sensation.
Le testament, avec ma table amorale et orientée pognon, manquait à mes yeux des actions possibles de personnages vils : pourquoi ne pas tenter de tout récupérer ? Mettre un avocat véreux que les PJs connaissent depuis plusieurs sessions et qui les a aidé par le passé, mais qui propose de buter Moe pour se partager le pactole me semblait un bon moyen de les faire réagir, toutefois je ne pensais pas qu'ils allaient refuser ! Et je voulais un final pour introduire le scénario de la clinique , d'où le démon qui leur fait peter un câble et un black out final.

Scénario de la clinique
Ce scénario est très bon, mais son introduction ne convenait pas avec ma table. J'aurais pu le faire jouer avec un unique personnage, mais je n'avais pas le temps et surtout, je ne voulais pas priver mes joueurs des révélations de Blake. Donc je suis partit d'un postulat simple : mes PJs allaient récupérer le film, mais personne ne sait où ils l'ont foutu. La réponse des 9 : les coller en internement et leur faire cracher le morceau. Que ce soit la clinique que mes joueurs veulent découvrir depuis plusieurs sessions, c'est un "gros coup de bol" pour leurs personnages.
Je l'ai volontairement fait joué en une unique soirée, alors que je prends généralement deux sessions de 4h pour faire un scénario depuis le début. Jouer des internés n'est pas le trip de ma table et ils veulent savoir le fond de l'affaire. Donc 1h30 de découverte et appropriation des lieux, pour 2h30 pour sortir et tout faire cramer. C'est le final : qu'ils me foute cette ville à feu et à sang ne me dérange pas.

Maintenant, le plus dur : terminer la campagne.
Elle est dense, très dense, et j'ai ajouté des intrigues personnelles. Etat des lieux des intrigues personnelles des PJs :
1 - Ce personnage a tout perdu : une soeur morte par le "hachoir" après avoir été violée et droguée alors qu'elle était dépressive. Le cadet de la famille,qui lui avait passé la drogue en bon toxico qu'il est, s'est suicidé (en fait tué par un autre PJ, ce qui doit ressortir ; on joue du Noir après tout.
2 - Un autre perso a vu sa femme devenir membre du KKK local et participer à des purges. Femme qui, cousine du parrain de la Famille Marsella, est maintenant sous le chantage du FBI car elle a tué un des membres du KKK qui tenait de la violer ; le FBI veut la peau de la mafia et fait pression. Et le personnage est celui qui est habité par Trigger, qui peut l'aider a buter n'importe qui, mais au prix de son âme. Que fera-t-il ? En plus, c'est ce PJ qui a tué le cadet du personnage précédent...
3 - Celui là est black et veut se battre pour la cause. Sa soeur est avocate du cabinet de Moore, également en couple libre avec lui (en 49 !). Ils l'ont convaincu de devenir le représentant du quartier black et Hoboland, et il est maintenant, après quelques coups bas, grand électeur pour choisir le futur maire. Le joueur ayant fort à faire IRL, je lui fout la paix, même si j'ai plein de choses terribles à lui raconter.
4 - le dernier perso, c'est mon chouchou. Le joueur m'a fait un BG digne de Shutter Island, et je joue à fond dessus : il pense poursuivre le meurtrier de ses parents qui n'est autre que lui même. Seulement les autres joueurs m'ont repéré et j'ai crée le personnage de son frère, Raymund, pour noyer un peu le poisson. Maintenant il cherche son frère, a découvert qu'il s'est lui même interné pour le pas lui faire du mal, mais la fin reste ouverte et je demanderait au joueur ce qu'il veut : un final que je lui écrit ou un truc plus soft (je lui ai déjà posé plusieurs fois la question, ne voulant pas trop le choquer). Dans le cas soft, il retrouve son frère, meurtrier de ses parents et qui tue tous ceux qui osent s'approcher de la vérité. Dans le cas qui m'intéresse, il a déjà buté son frère et pour mentalement s'en sortir, a fait une dissociation : il prendre l'apparence de son frère (vêtements, perruque, etc.) pour tuer et protéger son secret alors que son autre personnalité veut comprendre. Ca peut faire un final magnifique, mais je laisse le joueur décider jusqu'où il me laisse aller.
Avec le bordel ambiant, les différentes factions et mes joueurs qui veulent en finir, je pense avoir 2-3 sessions max encore devant moi.
Et il y a Elle. Elle, pour mes joueurs, c'est d'abord Maggie, la nana qu'ils ont dragué entant gosse, celle qui s'est faite découpée dans la pièce d'à côté à la première session. Et aussi un peu de Lily, cette fille qu'ils ont désespérément cherché, pour un papa sympa et un peu paumé, un des rares types bien qu'ils ont croisés durant tout la campagne. Elle, c'est mon apothéose, mon liant, la raison de la campagne. Faut pas que je la loupe.
J'espère juste être à la hauteur ; les fins de campagnes, c'est chaud.
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zuzul
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par zuzul »

Etant maintenant en train de terminer la campagne, je vous partage un premier retour. Je le compléterai avec le post mortem de ma table, une fois la campagne finie.
Pour info on a commencé en octobre 2023, avec une pause de 6 mois à cause de ma vie réelle qui m'a rattraper. On a fait actuellement une vingtaine de session, ce qui est déjà grandiose. Ce qui suit est mon point de vue de MJ, mon ressenti personnel, pas une vérité.
Pour info je suis MJ habitué des enquêtes : B18, la campagne de COPS et celle de Greenberg.

Spoiler:
Les grandes forces de la campagne
1 - Le Noir. Il y a dans cette campagne une fatalité sombre, une destinée contre laquelle on ne peut lutter. C'est pour moi l'essence du genre, et elle le transcrit parfaitement.
2 - Les PNJs. Certains PNJs sont juste parfaitement décrits et adaptés. C'est un régal de jouer avec eux.
3 - La trame générale. Franchement, c'est une des plus belles campagnes que j'ai pu faire ces dernières années.
4 - La musique. Caravan doit occuper 20 à 40% de votre plage musicale, et ne pas jouer en musique sur ce jeu est dommage. C'est une campagne à jouer en musique, les conseils sont excellents et je vous recommande fortement de jouer en mettant la musique en avant.

Les faiblesses
1 - Nina. Ce PNJ arrive trop tôt puis disparaît avant les derniers scénarios. Et avoir une gamine de 19 ans qui manipule aussi bien, à mes yeux, c'est peu crédible, même si c'est une psychopathe. Je pense qu'elle mérite d'apparaître plus souvent pour la mettre en avant ou, comme je le fais, de la laisser totalement en arrière plan.
2 - Les prétirés. Pour moi ils sonnent faux et leur implication dans les scénarios ne colle pas. laisser les joueurs créer une table de privés et les accompagner (j'ai fait 1 questionnaire adulte et 1 questionnaire enfant) est largement plus efficace et adapté aux scénarios.

Les points d'attention
1 - Les PNJs. Ils sont superbes, mais attention, il y en a beaucoup. Ma table s'est un peu perdue dedans, même s'ils sont des joueurs adorant la politique, il y a eu un moment ou c'est juste "de trop".
2 - Le Noir. C'est sublime, mais en 2025, c'est peut être un peu trop dark pour l'ambiance sociétale actuelle. Et mes joueurs ont vécu des trucs pas marrants à titre perso IRL, ce qui n'aide pas. Attention avec qui vous jouez : c'est dense, émotionnellement.
3 - La fin. Forcément, avec autant d'acteurs et d'enjeux, les derniers scénarios sont des conseils et guides plus qu'une trame prémachée. Prenez le temps de lire et relire pour vous l'approprier.

A titre personnel, c'est de loin la campagne la plus dense et la plus complexe que j'ai pu faire, mais certainement une des meilleures.
Quand je dis complexe, ce n'est pas dû à son écriture, mais aux sentiments qu'elle peut propager : après certaines sessions, j'étais tellement mal de ce que j'ai raconté que j'ai eu besoin de lire des scénarios choupi durant 3 jours pour rebondir. Ce n'est aucunement la faute des auteurs, soyons clair : j'ai ajouté des intrigues personnelles très très dark, très ou trop réalistes, qui ont permit de donner des scènes d'antologie.
D'une manière globale, de base, il y a quasiment 200 PNJs avec portraits qui interviennent. Une ville, qui est en mouvement, qui n'attend pas, qui est corrompue, qui transpire ce style, ce trope qu'est le Noir. J'ai ajouté une cinquantaine de PNJs par dessus, ce qui n'a facilité la vie de personne. Je me suis retrouvé avec plus de 80 pages de prise de notes, d'actions a faire, de mouvement à créer. Ce fut un bordel sans nom mais qui valait le coup.
Est-ce que je la recommande ? Oui, totalement, mais vous devez être expérimenté et avoir les joueurs qui veulent s'y plonger. La jouer en virtuel est, si vous le pouvez, à éviter. C'est une histoire sociale qui mérite d'être vécue de visu.
Est-ce que je la ferai à nouveau jouer ? Non, c'est trop pour un seul MJ. Je ne regrette absolument pas mon expérience, mais je ne pense pas pouvoir m'en remettre. Et ça la rend encore plus belle : elle est trop, dans tous les sens, et je suis ravi d'avoir eu la chance d'avoir pu expérimenter ce trop.
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Pyth
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par Pyth »

Hé béh sacré morceau effectivement. Tu as vraiment abattu un super taff sur ce fil, plus que de simples CR, une mine d'infos, d'idées et de conseils et au final une vraie aide au jeu pour toutes les futurs voix off qui voudraient s'y mettre, en espérant que ça rende la campagne un peu moins intimidante et que ça suscite des vocations!
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zuzul
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Re: [MJ Only][Hellywood] Mener La Justice des Anges

Message par zuzul »

Pyth a écrit : mer. nov. 26, 2025 10:46 pm Hé béh sacré morceau effectivement. Tu as vraiment abattu un super taff sur ce fil, plus que de simples CR, une mine d'infos, d'idées et de conseils et au final une vraie aide au jeu pour toutes les futurs voix off qui voudraient s'y mettre, en espérant que ça rende la campagne un peu moins intimidante et que ça suscite des vocations!
tu es définitivement trop gentil avec moi !
Connaissant ta vision du jdr, cette campagne est faite pour toi, tu sauras en faire quelque chose d'exceptionnel comme toujours !
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