Toorte a écrit : ↑mer. déc. 03, 2025 12:02 pm
Johan Scipion a écrit : ↑sam. nov. 29, 2025 7:41 pm
D'une part, la maîtrise est un gros boulot, qui suppose un vrai investissement personnel. D'autre part, s'il y a foirade, le meneur aura pourri sa soirée et celle de ses potes. Qui voudrait gâcher le plaisir de toute une table ?
Je suis assez peu d'accord avec ce postulat en fait.
Okay let's do it [bruit de craquage d'articulations]. Ça va être fun.
le cout de prép devient quasi inexistant.
Préparer, c'est du taf, tu as raison. Mais à mon avis, c'est le taf qui souvent coûte le moins. Beaucoup de meneurs apprécient cette phase, qui est intellectuellement stimulante, parfois culturellement enrichissante (ils font des recherches), qui de surcroît les immerge et leur permet de fantasmer la partie. C'en est au point que certains surpréparent. J'ai eu des retours de meneurs qui ont bossé en amont certains de mes scénars d'une manière que je n'envisagerais pas pour ma propre table. Et ils ont kiffé.
Ce n'est cependant pas du tout de cela dont je parlais, mais de l'animation de la partie, qui est (aussi) un vrai gros taf. C'est pas dur, animer est tellement un taf qu'on paie des gens pour le faire. Moi par exemple, ça m'arrive. Si notre perception est différente, c'est sans doute que notre pratique l'est. Je te cite du sujet voisin :
Toorte a écrit : ↑mer. déc. 03, 2025 12:04 pmmoi j'aime être "spectateur" d'une partie, réagir comme devant un film et me hypé de ce qu'on est entrain de raconter
Moi, quand je mène Sombre, j'opère dans le cadre du paradigme tradi, donc n'ai que rarement le luxe d'être en posture de spectateur. Il m'arrive parfois de regarder les joueurs jouer, ce qui (je suis bien d'accord avec toi) est overkiffant, mais cela ne dure jamais très longtemps, et c'est en général parce que j'ai beaucoup mouillé la chemise avant. Je me suis démené pour que la mayonnaise rôliste prenne. J'y suis parvenu, donc le jeu tourne sans moi. Du coup, je m'accorde cinq minutes pour profiter. Et ensuite, je retourne au charbon.
Et okay tu te mets un peu en danger parce qu'en tant que MJ tu es souvent initiateur de la soirée et "l'animateur" de la soirée, mais après 2/3 fois c'est plus tant que ça un vrai coût je trouve, on s'habitue.
Je reformule : " Je me suis habitué ". Je suis super content pour toi que tu aies passé le cap, mais il faut que tu comprennes que ce n'est pas une expérience universelle. Il y a des gens qui jamais ne voudront devenir meneur. Et d'autres qui y arriveront, mais auxquels ça continuera de coûter à chaque partie comme à la première. Et d'autres encore à qui cela finira par coûter un peu moins, mais toujours beaucoup. Je le sais car tous ces profils, je les rencontre en convention et/ou dans ma cuisine. On cause.
Si un scénario est nul je le corrige à la volée
Supercool. Mais perso, ce n'est pas ce que j'attends d'un scénario. Moi, je veux qu'il fonctionne une fois sur une tel qu'il est écrit. Parce que sinon, je préfère m'en dispenser, c'est-à-dire improviser de bout en bout. J'appelle ça le quickshot, et c'est très fun.
Je précise que je n'attends pas un résultat excellent une partie sur une. En jeu de rôle, l'excellence ne se commande pas, ni même ne se prépare. Elle advient, tout simplement. Mon attente est la bonne partie une fois sur une. C'est en tout cas mon objectif d'écriture et de playtest.
J'ai très rarement joué des mauvais scénarios
Parce que tu les as préalablement choisis parmi une offre qui est désormais pléthorique. Du coup, on en revient à la question de la séduction du meneur à la lecture.
(mais je dirais pas que les Sombre sont verbeux, donc bon)
Je le prends comme un compliment. Merci tout plein.
Ca me semble mettre beaucoup trop de poids sur le scénario et assez peu sur les joueureuses.
C'est-à-dire qu'en tant qu'auteur, je n'ai par définition pouvoir que sur mes textes. Je m'adresse aux meneurs, les invite à réfléchir sur leur pratique de Sombre en leur expliquant la mienne. Les joueurs par contre, quasi zéro contact. S'ils ne sont pas meneurs de leur côté, ils ne lisent pas mes zines. La seule partie de ma production qui les touche directement, ce sont les textes que j'écris à leur intention sur certaines de mes aides de jeu.
Je sais que moi, et d'autres j'imagine bien, lire une liste de petites phrases intéressantes mais pas forcément connectées entre elles ça créer des connections dans ma tête, et ça me hype
Je crois que tu viens de découvrir la poésie. Ça arrache, hein ?
En termes de puissance d'évocation, de capacité à séduire et à susciter l'émotion, la poésie est l'arme nucléaire de la littérature. Et il existe bien sûr une poétique rôliste, notamment dans la forme courte. À lire tes commentaires, la notion de verbosité revient très souvent. Tu l'associes systématiquement à la littérature. C'est un contresens. Pas qu'il n'existe pas de littérature verbeuse. Y'en a. Mais toute la littérature est loin d'être verbeuse. Moi par exemple, j'écris des short short stories en un paragraphe (j'en ai publié un recueil dans HS1).
La littérature, poétique notamment, peut être super efficace. Concise, précise et en même temps très évocatrice. Les titres par exemple, ou l'onomastique (très importante en JdR), ou les textes des tables aléatoires. Moi perso, j'aime les présenter sous forme de cartes plutôt que de tableaux parce que je suis fétichiste des petits bouts de papier.
Ces derniers temps, j'ai publié plusieurs decks miniatures (S10, S666, HS13, HS17). Des aides de jeu au format 4 x 6 cm. Dessus, j'ai la place pour un titre en un, parfois deux mots, et un micro texte de 110 à 130 signes. Écrire ces minicartes est d'une exigence littéraire folle. Hallucinante technicité. Cela fait partie des trucs les plus ardus que j'aie jamais produits. Il y a ne serait-ce que dix ans, je n'en aurais pas été capable.
Si je fais bien ce taf, si je choisis puis assemble quelques mots comme il faut, et ce faisant parviens à évoquer des images et susciter des émotions, je séduis. Je crée de l'envie de mener, et ensuite, lorsque le meneur pose ces minicartes sur la table à l'intention des joueurs, de l'envie de jouer.